L’enfant
grave Ce
ne sont pas des souvenirs, plutôt des analyses de souvenirs. C’est
que le narrateur, vers 12 ans, comprend que l’Autre existe, et le
Monde, et les Choses… Ces découvertes, il les fait en compagnie
d’un camarade, son égal en perplexité. Gillis conserve,
dans la précision, la profondeur et l’économie, une
irremplaçable légèreté : voici le nœud
du problème, semble-t-il dire ; mais il y a de l’allégresse
à comprendre qu’on ne comprendra jamais. Cela s’appelle
l’élégance intellectuelle.
Jacques Drillon |
Alain
Gillis mène depuis des années une réflexion philosophique
sur l’autisme infantile et est l’auteur de plusieurs ouvrages
:
L’autisme attrapé par le corps (Mardaga 1999) où
il fait part des résultats obtenus par les Holdings thérapeutiques
et les Packings dans le traitement des enfants présentant des troubles
autistiques, tout en proposant une théorisation.
Peinture d’origine (Adam Biro 1994) et Le
Bazar du génie (Adam Biro 2002) où il expose de magnifiques
peintures d’enfants préemption des troubles de la communication,
questionnant leur rapport avec l’objet d’art, mettant en relief
une approche esthétique de l’être.
Dans L’enfant grave, il poursuit sa réflexion sous
la forme de petits récits, échanges « philosophiques
» entre deux enfants buttant sur le lot d’interrogations apporté
à tout instant par l’existence, pour peu qu’une certaine
innocence leur laisse yeux et oreilles bien ouverts sur le dehors. Tout
en revisitant en toute légèreté, comme en se promenant,
sans s’ennuyer, des questions philosophiques et métaphysiques
: l’existence, le temps, la peinture, la langue étrangère,
la démonstration géométrique, le négatif,
Dieu, l’altérité… On s’aperçoit
que ce parcours qui s’achève à la puberté nous
laisse un léger goût phénoménologique.
Anne Rosenberg |